POT À OILLE ET SON PRÉSENTOIR

Trésors

POT À OILLE ET SON PRÉSENTOIR

1789
Paris
Maître Orfèvre Henry Auguste

DONNÉES MATÉRIELLES
Argent
Le pot à oille – Hauteur : 30 cm – Longueur : 44,5 cm – Poids : 4.627 grammes
Le plat – Diamètre : 43 cm – Poids : 2.400 grammes

À PROPOS
Ce pot à oille daté de 1789 a fait partie d’un service étonnamment important pour l’époque révolutionnaire. Henry Auguste était un des orfèvres les plus en vogue à Paris durant cette période.  Nommé orfèvre du Roi et succédant à Roettiers, il fournira Madame du Barry. Ce pot à oille excessivement moderne correspond au goût tant apprécié de la favorite pour le néoclassique. On peut véritablement envisager que cet objet a été exécuté pour elle grâce à la présence du poinçon de gratis.
L’objet a la particularité de porter le poinçon de gratis. Ce poinçon rarissime indique que la commande a été exécutée pour un proche de la famille royale.

Il fallait être extrêmement riche, au vu de la déconfiture financière de l’époque, pour se permettre la commande d’un grand service en 1789. Se retrouver exempt d’impôt pour une telle quantité d’argent fait preuve d’une grande faveur royale.

PIÈCES DE COMPARAISON
Une paire de soupières ovales identiques ainsi que quatre rafraichissoirs avec les mêmes décors exécutés par Henry Auguste ont fait partie de la collection du Baron Emmanuel Léonino puis de l’ancienne collection Diane. La similitude de ces objets nous permet d’affirmer qu’ils constituaient les éléments d’un grand service. Les caractéristiques principales de ce service sont les anses à têtes de bélier et à corps de serpent. Ce style pur et dépouillé est dans la plus pure tradition néoclassique rappelant les frises à la grecque. L’aboutissement du néo-classicisme se manifeste sous le règne de Louis XVI, de 1774 à 1791. Les rafraichissoirs de l’ancienne collection Léonino portent des doublures anglaises postérieures. La présence de ce service en Angleterre, lui permettra d’échapper aux fontes révolutionnaires organisées durant la Terreur. Le voyage que Madame du Barry effectue à Londres en 1791 pour récupérer des bijoux accrédite l’hypothèse d’une commande personnelle de la dernière favorite de Louis XV.

Un  pot à oille est un grand récipient couvert, de forme circulaire, au fond arrondi reposant sur pieds souvent à enroulements et avec deux anses. Il est généralement assorti d’un présentoir.  Le pot à oille est en usage jusqu’à la fin du XIXe pour le service des gibiers et des viandes en sauce. En 1673, apparaît pour la première fois, sous la plume de Madame de Sévigné le mot oille qui vient du mot olla pour désigner le mélange de légumes et de viandes divers qui entrent dans le pot au feu. C’est le cuisinier de Philippe V d’Espagne, petit fils de Louis XIV, qui fit connaître en France la splendeur de l’oille espagnole. Le dictionnaire de Trévoux publié en 1740 la décrit comme suit

« C’est un ramas des plus excellentes viandes, que l’on fait cuire dans un pot, ou terrine, avec toutes sortes de béatilles[1], quantité d’herbes fortes et d’aromates. L’oille est remplie de toute sorte de bon gibier et autres viandes, comme faisans, perdrix, cailles, bécasses, bécassines, ortolans, pigeons, becfigues et autre que l’on y met en entier »

 

A PROPOS DE  HENRY AUGUSTE

Henry Auguste est né en 1759, il est le fils unique du fameux orfèvre Robert-Joseph Auguste, nommé orfèvre du Roi en 1777. Il est mentionné comme orfèvre du Roi avant même d’accéder à la maîtrise qui aura lieu en 1785. Il ne partage cette faveur insigne qu’avec un grand orfèvre, François-Thomas Germain. Henry Auguste dévoile très tôt un style néo-classique tout à fait novateur pour l’époque puisé dans les publications du roi de Naples sur les fresques de Pompéi et Herculanum. Il est un précurseur du style Empire qui atteindra son apogée une quinzaine d’années plus tard. Henry Auguste est reçu maître le 20 avril 1785, il fait insculper son poinçon : Fleur de lys couronnée, H A, deux palmes en sautoir, et les deux grains. Il produit des ouvrages importants jusqu’en 1790, entre autre de nombreuses commandes pour Louis XVI en utilisant pour une grande partie l’or et l’argent de pièces anciennes jugées démodées.  Il livrera aux frères du Roi, les comtes de Provence et d’Artois. Puis les commandes se tariront.

 

[1] Il s’agit de choses délicates, comme des ris de veau, des palais de boeuf, des crêtes de coq, des truffes, des artichauts, des pistaches,…

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